La Bourse, dans la première moitié du XIXe siècle, se limitait au marché des valeurs publiques. Les entreprises privées boudaient cette institution. La confiance en l'autofinancement et le poids des lois expliquaient cet état de fait. Mais l'explosion économique de la seconde moitié du XIXe siècle bouleverse ce schéma. Pour mener à bien leur projet, les entreprises sont obligées de lever des fonds colossaux. L'investissement des banques ne suffisant pas, le marché financier devait s'ouvrir à d'autres modes de financement. Ainsi, la petite et moyenne bourgeoisie, encouragée par l'État,...
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La Bourse, dans la première moitié du XIXe siècle, se limitait au marché des valeurs publiques. Les entreprises privées boudaient cette institution. La confiance en l'autofinancement et le poids des lois expliquaient cet état de fait. Mais l'explosion économique de la seconde moitié du XIXe siècle bouleverse ce schéma. Pour mener à bien leur projet, les entreprises sont obligées de lever des fonds colossaux. L'investissement des banques ne suffisant pas, le marché financier devait s'ouvrir à d'autres modes de financement. Ainsi, la petite et moyenne bourgeoisie, encouragée par l'État, investissait ses économies dans l'espoir de toucher de gracieux dividendes.
Deux choix se présentent aux investisseurs. Soit, ils investissent dans une action, soit dans une obligation. L'action est un titre de participation qui fait de son acquéreur un associé. En échange de son versement, l'actionnaire a reçu une part de la société qui lui donne le droit à une rétribution en proportion de son investissement. L'obligation est une créance. L'entreprise, en échange de ce prêt, s'engage à verser un intérêt fixe, quelque soient les résultats. Contrairement à l'actionnaire, l'obligataire n'est pas propriétaire. Dans les deux cas, le pari est risqué, car personne n'est à l'abri des incidents monétaires ou des krachs boursiers.
Pour justifier leurs droits, les investisseurs possédaient une représentation papier de leur titre. La décoration des actions boursières était influencée par les goûts artistiques de l'époque. Toutefois, le style Art nouveau est le premier style artistique à avoir eu une véritable influence sur les dessins. Né en Angleterre à la fin du XIXe siècle, le style Art nouveau exprime les sentiments d’optimisme et d'insouciance de la classe aisée. Représentant des scènes idéalisées et des décors raffinés, aux formes fluides et tournoyantes, aux couleurs douces et délicates, l'art nouveau reflète les aspirations rêveuses d'un monde en paix et prospère.
Toutefois, le déclenchement de la Première Guerre mondiale précipite le déclin de l'Art nouveau sur la décoration des titres boursiers. Progressivement, les paysages idéalisés font place au réalisme de la vie quotidienne. Les formes se durcissent, les couleurs s'assombrissent, les décors se font rares. L'Art déco naît sur le traumatisme de la Première Guerre mondiale. Les rêves de paix et de prospérité, encore visible quelques années auparavant, laissent la place au réalisme d'une vie à jamais traumatisée par les horreurs de la Grande Guerre.
Avec l'Art nouveau, l'illustration des titres boursiers était à son apogée. Progressivement, cette illustration devint moins recherchée, plus fonctionnelle. En octobre 1980, la commission Pérouse recommande la dématérialisation des titres. Avec le décret du 5 novembre 1984, l'ensemble des valeurs boursières émises sur le territoire français cesse donc de faire l'objet d'une représentation papier pour leur circulation. Un délai de cinq ans a été accordé aux actionnaires pour procéder à l'échange. Pourtant, tous les titres n'ont pas été échangés. Oubliés dans un grenier, ou cachés dans les tiroirs d'une vieille armoire, ces titres n'ont plus aucune valeur aux yeux des banques. Si les financiers les rejettent, ils font encore le bonheur des scripophiles. S'adonnant à la scripophilie, activité visant à collectionner les actions ou obligations anciennes n'ayant plus aucune valeur, ces amateurs tentent de retracer les aspects méconnues de notre histoire économique et industrielle.